Marie-Nicole Lemieux - La cantatrice au rire contagieux (1975 - )

Par Hélène Gagnon – Illustration Gabrielle Gobeil

Le 26 juin 1975, à Dolbeau, au Lac-Saint-Jean, naît une petite fille à qui la vie réserve un avenir hors du commun. Marie-Nicole Lemieux se pointe le nez sur cette planète qu’elle parcourra à titre de diva, des années plus tard.

Marie-Nicole a deux frères, Frédéric et Patrice. Leur père Jacques travaille dans une compagnie forestière, tandis que leur mère Nicole – elle aussi! – possède un diplôme d’éducatrice en garderie. Le couple est issu de deux familles nombreuses : 14 frères et sœurs chez Nicole et 11 chez Jacques. Deux grandes familles tissées serrées. Du bon monde! Des gens que la musique réunit, qui aiment s’amuser, chanter et danser!

Pour Marie-Nicole, impossible d’imaginer une maison où l’on ne chante pas. On écoute et interprète un peu de tout, du répertoire classique français aux chansons populaires, sans oublier le folklore québécois. Marie-Nicole connaît les paroles d’une quantité incroyable de chansons. Elle fait aussi partie de la chorale de l’église de sa paroisse, « Les joyeux copains ».
Avec son fort caractère, la petite Lemieux veut se démarquer et faire sa place. Compétitive, elle n’accepte pas d’être traitée différemment parce qu’elle est une fille ou rondelette. Elle est capable de tout faire, autant qu’un gars, autant que son frère aîné Frédéric. Pour être son égale, elle fait tout ce qu’il fait, mange tout ce qu’il mange. Pas question qu’il soit meilleur qu’elle!

Un jour, Jacques apporte à la maison un disque de Luciano Pavarotti, un grand chanteur d’opéra. Marie-Nicole a alors un coup de cœur. Le son, les mélodies, les chœurs : tout l’attire. Séduite, elle développe une passion et une curiosité sans borne pour ce style musical.

Adolescente, elle rêve de devenir chanteuse professionnelle. Elle a l’impression d’avoir autant besoin de chanter que de respirer. Au début des années 1990, elle se découvre un talent certain pour imiter les chanteuses populaires comme Ginette Reno et Céline Dion. Son sens de l’humour est également reconnu par ses proches. Elle flirte avec l’idée de devenir humoriste et imitatrice. Une chose est certaine, elle se dirige vers une carrière artistique.

Finalement, sa passion pour l’opéra l’emporte. Elle est acceptée au Conservatoire de Chicoutimi, où elle travaille d’arrache-pied pour s’améliorer et impressionner. Les cours se succèdent, tout comme les exercices vocaux. L’adolescente doit emmagasiner beaucoup de connaissances et de techniques afin de devenir une interprète du cœur et de la voix. Le solfège, les harmonies, l’histoire de la musique, la lecture des partitions et même la façon de respirer font partie de l’enseignement qu’elle reçoit.

Puis, Marie-Nicole continue ses études au Conservatoire de Montréal, où elle se démarque rapidement. Les connaisseurs lui prédisent déjà un brillant avenir de contralto en chant lyrique. Douée d’une voix puissante et d’un timbre rare, elle interprète aussi bien la mélodie française que l’opéra baroque. Son talent est également reconnu pour sa prestance dans l’opéra italien. Elle comprend et analyse les textes qu’elle doit chanter afin de les rendre avec le plus de justesse possible. Les émotions doivent être là au bon moment. Au fil du temps, elle finit par bien maîtriser l’anglais, l’allemand et l’italien.

En 2000, sa mentore et amie Marie Daveluy l’encourage à se présenter au Concours musical international Reine Élisabeth de Belgique, un des concours les plus prestigieux d’Europe. L’inscription, les frais de déplacement, l’hébergement, le pianiste, les robes : tout coûte cher. À Dolbeau-Mistassini, la communauté organise des activités afin d’aider Marie-Nicole à payer toutes ces dépenses. Grâce à son talent, elle remporte le Prix de la Reine Fabiola, en plus du Prix spécial du lied.

Première Canadienne à remporter cet honneur en Belgique, Marie-Nicole voit toutes les portes s’ouvrir devant elle, tant au Canada qu’à l’international. Sa voix, son charisme, sa façon d’interpréter et sa prestance sur scène lui valent plusieurs autres prix et reconnaissances.

En 2001, elle interprète le Requiem de Mozart avec Les Violons du Roy au Lincoln Center de New York, en mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001. Le disque Mozart Requiem est lancé l’année suivante et reçoit un prix Juno. Elle enregistre par la suite plus de 30 albums, en solo ou en collaboration avec d’autres chanteurs et chanteuses.

Les années qui suivent l’occupent professionnellement à plein temps. Marie-Nicole brille telle une étoile et remporte succès après succès. Elle se produit sur les plus grandes scènes, notamment à Milan, Paris, Bruxelles, Berlin et Munich. Rapidement, elle devient une diva adulée et suivie dans le monde entier. Son charisme et sa joie de vivre la rendent irrésistible et adorable. Elle développe de la complicité et des amitiés avec les musiciens et chanteurs avec qui elle se produit.

Chanter est un travail d’athlète, mais la cantatrice adore son métier. Surveiller son alimentation, s’assurer du degré d’humidité dans les pièces où elle se trouve et travailler sa concentration sont des aspects à ne pas négliger pour faire cette carrière. Or, ça en vaut le coup, car cela lui apporte un grand bonheur et… comble son côté coquet, quand elle se retrouve dans ses belles robes de scène!

La voix de Marie-Nicole est son instrument le plus précieux, mais aussi un organe extrêmement fragile. Elle souffre d’allergies et de problèmes aux sinus. Elle doit parfois reporter d’importants récitals et demeurer constamment vigilante.

En 2007, Marie-Nicole met au monde une jolie petite fille. Elle profite de la période post-natale pour travailler chaque jour, avec son professeur, sur les forces et les faiblesses de sa voix.

Puis, Marie-Nicole part à nouveau en tournée, cette fois accompagnée partout de sa fille. Il en sera ainsi jusqu’à l’âge scolaire. À ce moment, la cantatrice réduit ses activités afin de ne pas quitter la maison plus d’un mois à la fois. La petite est inscrite à une école privée qui met l’accent sur les voyages, les langues et la musique. Trois points d’intérêt extrêmement importants et présents dans la vie de sa célèbre maman.

Marie-Nicole Lemieux brille aujourd’hui au firmament du chant mondial. Elle a travaillé très fort pour y arriver. En plus de posséder une voix extraordinaire, elle est de nature chaleureuse et souriante, et son rire est contagieux. C’est une femme, une maman et une artiste complète!