Salon du livre et APES : même combat

L’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES) célèbre cette année ses 25 ans d’existence.
Pour l’occasion, les écrivains de la première heure et ceux qui ont été très impliqués dans l’organisation des activités au fil des ans pourront profiter de la tribune qui leur est offerte ici pour raconter un fragment d’histoire de l’association, tel qu’ils l’ont vécu, de sa naissance à aujourd’hui. Ainsi, chaque 25 du mois, un texte est publié qui, peu à peu, comme un tissage, dessine  les points saillants de cette association d’auteurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui fait dorénavant partie du paysage. Le deuxième texte de la série est signé Yvon Paré, l’un des cofondateurs de l’APES. Bonne lecture!

Salon du livre et APES : même combat par Yvon Paré

C’était dans l’air du temps. Je n’avais pas encore fait deux mois de travail au journal Le Quotidien que je devenais président du syndicat des journalistes avec une grève sur les bras. Pas étonnant que j’aie dit oui spontanément quand il a été question de regrouper les écrivains de la région dans une association professionnelle.
À peine avions-nous recruté quelques membres, que nous étions à l’origine d’un cahier spécial dans Le Quotidien. Les écrivains devaient devenir des intervenants, des incontournables, participer à des lectures devant public et être de tous les débats. Nous le répétions inlassablement !
Je me souviens de notre premier événement de lectures dans la maison de Christiane Laforge à Sainte-Rose-du-Nord. Michel Garneau animait une soirée de poésie et de musique avec Armande Saint-Jean à la radio de Radio-Canada (les temps ont bien changé) et nous avions réussi à les convaincre de venir à Sainte-Rose-du-Nord. Une soirée qui s’était prolongée jusqu’aux aurores tellement il y avait de participants.

Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Au même moment, Gérard Pourcel devenait directeur général du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean et le nouveau conseil d’administration, présidé par Guy Ménard, devait changer bien des choses. Une question de survie pour l’organisme. Je me suis retrouvé au conseil d’administration avec Laval Martel, Michel Munger, Lucien Martel, Lionel Brassard et plusieurs autres.
Présence dans les stands, à l’animation et surtout premières publications de Un lac, un Fjord, une aventure qui allait durer presque vingt ans grâce à JCL Éditeur d’abord. Que dire de la présence de Nancy Huston, John Saul, Denise Desautels, Louise Desjardins, Suzanne Jacob dans cette publication entièrement régionale ?
Notre président, Guy Ménard, ouvrait toutes les réunions avec sa formule devenue célèbre : « Bonjour amis de la chose littéraire ». Une période placée sous le signe de l’imaginaire, de la bonne humeur et de l’inventivité. Comme celle qui nous avait poussés à baptiser les allées du salon du livre du nom des écrivains du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ça brassait pas mal Avenue Gilbert-Langevin ou encore Place Alain-Gagnon. Une idée que le salon de Montréal a reprise un peu plus tard.
Ce fut surtout dans l’animation que l’APES a fait sentir sa présence. Entrevues, jeux, improvisations, rencontres et tables rondes se succédaient à un rythme soutenu. Élisabeth Vonarburg et moi étions les champions de l’improvisation. Et Carol Lebel qui était tellement nerveux avant de faire une entrevue avec Gaston Miron ? Une pièce d’anthologie.

Prix littéraires

Je me souviendrai toujours de la réponse de Gérard quand je suis arrivé avec l’idée de créer des prix littéraires. «Ça ne marchera jamais !», avait-il lancé. Gérard était comme ça. Cela ne l’avait pas empêché de tout faire pour mettre cette aventure en marche. Et ce fut un succès ! Nous avons eu la main heureuse. Le premier prix dans la catégorie roman en 1991 est allé à Nicole Houde avec Lettres à cher Alain et la Découverte de l’année fut Lise Tremblay avec Un hiver de pluie. Et la rétrospective littéraire ! À peine une vingtaine de titres au début et plus d’une centaine maintenant.
Le concours lecteurs et lectrices pour les jeunes dans les écoles de la région fut long à installer, mais nous y sommes arrivés. L’Hommage à un auteur aussi ! Une première tentative avec Danielle Dubé qui venait de faire un tabac, pour ne pas dire une entrée fracassante dans le monde littéraire avec Les olives noires. Le Robert-Cliche était alors le prix à recevoir au Québec. Les choses ont bien changé, malheureusement.
Que dire de ces moments incroyables avec le père Georges-Henri Lévesque, Paul-Marie Lapointe, Gilbert Langevin, Alain Gagnon, Nicole Houde, Michel Marc Bouchard, Larry Tremblay, Daniel Danis et bien d’autres.
Gérard Pourcel est parti œuvrer sous d’autres cieux et Richard Lafleur a pris la relève. J’ai succédé à Guy Ménard à la présidence quand ce dernier s’est exilé à Montréal. Les premiers prix littéraires étaient attribués lors d’un gala du livre, une première au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au Québec. Comment oublier Victor-Lévy Beaulieu, l’un de nos premiers présidents d’honneur ? Imaginez-nous tous les deux affublés d’un tuxedo. Robert Lalonde est lui aussi venu présider l’événement, collaborant à toutes nos idées folles.

Prix du Québec

Il y a eu également ma lubie de créer Les Grands Prix littéraires des régions du Québec. Il s’agissait de demander aux différents Salons du livre de créer des prix similaires à ceux que nous avions. Les finalistes de chacune des régions se seraient retrouvés lors d’un gala national. L’idée a fait son chemin, mais le blocage est venu de Québec et de Rimouski. Nous y étions presque. Tournées des lauréats dans tous les salons l’année suivante, gala télévisé, nous ne manquions pas d’ambition.
L’APES a fait en sorte que les écrivains de la région se retrouvent chez eux au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, que ce soit leur salon et aussi l’occasion de rencontrer les écrivains du Québec, les meilleurs, lors de certains événements présentés sous le signe de l’inventivité et de l’originalité. Une période heureuse où des amitiés se sont nouées pour devenir indéfectibles. Le Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie ont travaillé, main dans la main, pendant des décennies.

Yvon Paré