Sélectionné dans l’équipe canadienne de la partie culturelle des VIIIe Jeux de la francophonie, tenus à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 21 au 30 juillet dernier, Gabriel Marcoux-Chabot s’est distingué en remportant une mention spéciale. Le concours de littérature auquel il participait opposait 22 écrivains provenant de divers pays à travers le monde.
Membre de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES), Gabriel Marcoux-Chabot est originaire de Saint-Nérée-de-Bellechasse, mais réside dans la région depuis quelques années. Son roman, Tas d’roches (Éditions Druide), salué par la critique, a remporté en 2016, le Prix Ringuet et le Prix Rabelais de la francophonie.
Le texte ci après, intitulé Blocmémoire, a valu à Marcoux-Chabot la mention spéciale à ces Jeux de la francophonie 2017. Pour souligner cette belle réussite, l’APES inaugure l’espace «Diffusion» du site Web litteraturesagamie.com avec ce texte couronné. En outre, le lien ci-dessous vous permettra d’entendre Blocmémoire lu par Marie-Andrée Gill, poétesse membre de l’APES, tout en regardant la toile, inspirée du texte, de l’artiste Audrey Larouche, originaire de Saguenay. Keven St-Gelais des Production VFM s’est chargé de l’enregistrement et de l’habillage sonore.
L’Espace diffusion se propose de mettre en ligne les textes brefs des écrivains de la Sagamie qui auront obtenu une distinction dans un concours. Nous diffuserons par ailleurs des textes qui nous seront soumis et auront fait l’objet d’une sélection par un comité formé par nos soins, dans le but de ne faire ainsi connaître que des textes à la valeur reconnue.
Voici le texte Blocmémoire de Gabriel Marcoux-Chabot
« Ifait frette qelcrisse pis la nége alest bleu qant onsarrète pour camper. Ona pa vu le soleille scoucher acause des nuages, mai la nui alest la, comme en suspen, prète a tomber. Onsdit q’iétait tem, mai onsdit rien vraimen, cest nos ieus q’iparlent tandis q’ondélode l’éqipmen.
La vieille ala pa dit un mo du voiage. Les ieus farmés, aflaillait dan sa tète comme les chiens sus a croute durci. Jlargardais, pis jmedisais petète q’alest déja parti. Mai ala ouvert les ieus pis ala dit qeqchose comme cest ici. Onla faite répéter, pour ètre sur d’avoir ben compris, pis ona statché le traineau aubor du boi, drette au spot q’alavait choisi.
Pendan qe jnourris les chiens, Pedro istarte un feu avec l’écorce q’itraine toutem sus lui. Jaime la maniére qe ses ieus ibrillent qant iallume son tison. Jmedemande tojour si cest les flammes q’isarflètent dan ses ieus oubenon si cest les étincelles de ses ieus q’icrissent le feu a l’écorce pis aus branches pis a mon cor q’iflambe par endedan comme qant javais qinze ans pis q’ienavait trèze pis q’onavait toutte la vi devan nousautres pis toutte les nuis pour se découvrir le cor pis l’ame pis les fassons qe ces affairesla s’arlient, s’abouchent pis s’envaginent mutuellemen. Jlargarde pis jmémerveille de lvoir la, accroupi, capable avec ses mains d’allumer nimporteqoi. Ilève la tète, imdévisage, pis jmedépèche d’aller charcher du boi.
La vieille atousse un peu. Pedro imfait signe. Onlaprend chacun par un bra pis onlaide a slever. Amarche pa vite, Filomène. Amarche pa vite, mai ondit rien. Onlasoutient comme anousa tojour soutenus, comme ala tojour soutenu la tribu. Onenprend soin. Onlinstalle aubor du feu, pour q’asarchauffe un peu. Pedro idit estu correcte ? Adit rien, mai asourit, faqe onlalaisse la pis oncommence a dérouler les peaux.
Cest pa long des cliper ensemble, les baguettes asont qesemen neuves pis les fixetures asont ben ajustés. La nui avient jusse de tomber qant le montebloc iest fini de monter.
Onest prèts a commencer, mai onbrette un peu. Pedro ifait semblan de vérifier les fixetures pendan qe jgosse apré un piqet, comme si tasser la baguette d’un pouce a gauche ou d’un pouce a drette sapouvait changer qeqchose a la forme du bloc, au destin de la tribu, a ma vi, a la sienne, a l’amour q’inoutient. Mamou, q’ondit souven. Mamou, q’onpense toutem. Un pouce a gauche, un pouce a drette, sachange rien. Ilsait. Jelsais. Onbrette qanmème comme deus innocens.
La vieille aparle. Adit cest le tem.
Jargarde Pedro. Imargarde aussi. Onlsait qe cest le tem. Onlsait crissemen. Mai ona beau ètre préparés, ia des gestes comme sa q’onaimerait mieu jama ètre obligés de poser.
Filomène alest déja debout qant onarrive acoté. Acause du feu, sa peau abrille comme le soleille en été. Ondirait qe ses rides iapparaissent pis idisparaissent, comme si les flammes iavaient le pouvoir de faire rajeunir d’un cou sa vieille face plissé. Abrille, la vieille, abrille enosti, fammeflamme accoté a l’arbor de la nui. Jisouris, amsourit. Alarplace son capuchon, alajuste sa pelle pis asmet a marcher. Famme forte. Godpelle. Un jour, jvas ètre comme al.
Jmegrouille de larjoindre pis jitends mon bra comme a l’accoutumé. Adit rien, mai au poids q’amet, jvois ben qe san sa, alaurait pa tofé.
Le montebloc iest pa loin. Pedro idétache une peau pour noulaisser rentrer. La vieille adit marci. Irépond qeqchose, mai iose pa largarder. J’isouris pour lencourager. Imvoit pa, faqe jisouris pus for, dan ma tète, comme toutte les fois q’ia besoin d’aide pis q’iose pa ldemander. Igarde les ieus baissés, mai jlesais q’ia compris. Ia compris qe jai peur aussi, mai q’onva iarriver, q’onva passer a traver, parce q’onest des Godpelles pis qe les Godpelles ifont sa depu qe la nége a négé.
La peau alest rattaché. Le cercle iest farmé. Une tente avec pa de toi. Cest tojour a sa qe samfait penser. Le montebloc, comme un tipi ouvert sus l’éternité.
Filomène asinstalle au milieu. Aprend un aspire. Afarme les ieus.
Jsus prète, q’adit.
Mai jose pa commencer. Jose pa parler. Toutte ma vi, jai mieu aimé le silence au brui. Les gestes q’ispassent de mos. Les ieus qi parlent, le cor a cor, le peau a peau. Onparle pa qant onfourre en promiscuité. Mai l’homme iest la dehors. A contrefeu, a contrejour, tes tellemen loin, mon amour ! Mai vasi, toi. Commence. Ona une vi a travarser. Tes les bras, jsus les piés. Jattends la première pelté.
Jlentends q’ibouge. Un bruit sec, un sifflemen. La nége aseffouare a mes piés. Jai pa le choi. Jfais un pa enavan pis jcommence a parler.
Filomène, Filomène, cest pour toi q’onest ici. Mamou, tojour unis. Filomène, Filomène, contenou don cest qoi ta vi.
Le silence fendu, la vieille amrépond.
Filomène, cest moi, voumconnaissez, cest mon nom.
Sa voi amonte dan l’air frette. Alest pa forte, mai atient bon.
Ma mére alétait de la tribu, mon pére non. Jsus né avan la Grandérape, jai vu la riviére se remplir de poissons. Ce qe jai vécu, jlai vécu en tan qe famme, mai jai aimé en homme, a ma fasson. Godpelle depu le premier jour, Godpelle pour tojour, ce qe jai déja dit, jvas lardire, ce qe jai pa dit, jvas ldire, ma vi, jenfais don.
Rendu la, asarrète, alésite.
Filomène, qe jdis, Filomène, cest pour toi q’onest ici. Mamou, tojour unis. Filomène, Filomène, contenou don cest qoi ta vi.
Jai l’impression de faire simpe avec mes qestions, mai qant ia des trous, jes remplis comme onmadit. Filomène, Filomène, a soir, le silence iest pa permis.
Sa voi alarprend, un peu pus forte. Pendan un boutte, adit rien q’onsait pas. Alarpète les istoires q’ala déja contés, ses memes du tem des botarames pis des carpes de douze piés, avan la Grandérape, la fuite, pis l’iver de fou q’ia toutte changé. Aparle des Chinois, des poissons q’iflaillaient audessus du Saguené, de l’abondance, du troc facile pis des espéditions jusqa Chicoutimi pour trouver les restes utiles du tem d’avan.
Aparle des granfètes d’iver ou les Godpelles iétaient accueillis en champions, des blocs géans q’onleufaisait sculter en échange du manger, du dormir pis du boire a volonté. Combien d’enfans iétaient nés ces annésla, onlsavait pas, mai samétissait solide dan les ticoins noirs, sa la vieille apouvait ljurer.
Dan ce temla, la tribu agrandissait par endedan comme par endehor, rameutant aubor du fior toutte les foqetopes q’ipouvaient pa scontenter de ce qe les Chinois iavaient a donner pis a qi la Rose du Nor aloffrait qeqchose comme une vision de la liberté. Sa, cétait le vieu tem, pis la vieille alena déja en masse parlé. Jlécoute avec le sourire du qeur, mème si jdois avouer qe des fois, l’oreille amglisse un peu de coté.
Dan le montebloc, la nége asest déja papire accumulé. Ma tète acommence a otpasser l’arbor, pis jvois Pedro q’isactive, la moustache plène de givre pis les dens serrés. Jlesais q’idoute, jlesais q’ia peur, mai ifait ce q’ia a faire, comme moi, comme la vieille, pour notre bien pis celui de la tribu. Han, mon amour, onfait ce q’ona a faire ? Tupeltes la nége, jlapile avec mes piés. Mamou, comme ondisait souven. Mamou. Acause tumeldis pus depu qeqtem ? Astu peur, mon amour ? Astu peur de ce q’isenvient ? Astu peur du Granretour ? Jtecomprends. Personne isait ce q’onva trouver. Mai la tribu ala choisi. Cest pus faisable de vivre ici, tulsais ben. Tas pa dit non, tas pa dit oui. Jlesais qe tas pa vraimen choisi. Mai astu déja vraimen choisi, mon amour ? Bébé pardu, abandonné, cest moi q’ita voulu, cest pour sa qe la tribu ata gardé. Tsais, mon amour, onpeut faire des chois san toutte briser.
Entouca, cest sa qe jpense, pis cest sa qe mon silence itcrie, chaqe fois qe tes ieus iglissent endessous des miens pis q’isenfuient. Pensele don, toi aussi. Dismoi don qe tumaimes encore pis qe cest moi qe tuchoisis.
Mamou, tojour unis.
Han, mon amour ?
Filomène, Filomène, contenou don cest qoi ta vi.
Jarpète les mos san ipenser. La vieille alarpond, mème si depu qeqtem, ondirait q’acommence a laguer. Alésite, atourne autour du pot, comme si q’avoulait pa chier ce q’ala a chier. Qanmème, jtourne en rond dan ma tète, faqe jmaccroche a ses mos pour pa oveur dériver.
Pis la, adécolle. Jsais pa si cest moi q’iena pardu des bouttes, mai imsemble qe ce q’adit asteur, jenai jama entendu parler. Des affaires louches. Des pensers croches. Comme le chien q’ala tué jusse parce qe son maitre ilavait trollé. Un cou de pelle pis un autre, les trippes a l’air, la gorge tranché, pis un plaisir malsin q’ala jama pu espliqer. Des affaires de mème, des affaires q’ondit pa qant le soleille ibrille pis qe toutte la tribu alest la pour juger. Alarrète pas. Alensort a peltés. Toutte les ontes d’une famme garrochés en tas, comme les débris d’un bloc dégrossi par la vi.
Jaime pa sa q’adit sa. Granfamme forte pis belle, jveu pa lavoir palir pis rapetisser. Acause q’afait sa dabor ? Alest pa obligé. A moins qe cest acause du poi de la nége q’isfait sentir sus ses jambes pis sus ses piés. Cest petète sa le pouvoir du blocmémoire. Le cor pogné, l’espri iveut slibérer.
Entouca, jai pa le choi de lécouter tandis qe jpile la nége pis qe le bloc icontinue a monter. Jentends ce q’adit. Jfais des liens. Jarvois sa vi différen de ce qe javais pensé. Jarviens pa q’une famme fière comme al acache autant de ontes pis de faiblesses dan ses arrièrepensers. Mai qant jipense, jaurais pu mendouter. Godpelle, jai appri a sculter autour des craqes pis a patcher les trous qe la nége alaisse voir mème dan un bloc ben paqeté. Godpelle, en public, tucaches ben tes fragilités.
Aparle d’un bébé q’ala eu pis q’ala donné. Alétait oveur jeune, q’adit, dan Grandérape, ala pa voulu lamener. Un tiga, q’adit. Cest le monde du Valinouet q’ilont pris. Asinqiète, asait pa si iest mort oubenon si iest encore en vi. Alespère q’ala fait le bon choi, mai alest pa sure de sa. S’ala toutem bogué. Comme un vide q’ala jama su nommer. Cest comme sa q’ala vécu, q’adit, les piés aubor du bloc, toutem sus le bor de tomber.
Des enfans, par apré, alena pa eu. Famme a famme, alena jama voulu. Les enfans des autres, parzemp, alesa tojour aimés, asenest tojour occupé. Acause du vide, petète, du oveur gros vide endessous de ses piés. Pour leremplir. Pour sefaire moins mal si avnait a tomber.
Samfait de la pène mai en mème tem, jcomprends. Oui, Filomène, jtecomprends asteur. Jcomprends un peu mieu ce qe tes, ce qe tas été, ton amour san bon sens pour toutte ceus qi passaient a ta porté. Jcomprends ce qe tes devenu, pis jbraille ma vi a técouter.
Le feu isest étint pi onfait rien pour l’empécher. Pour tusuite, la vieille ala de la nége jusqaudessus des sins pis acommence a avoir de la misére a parler. Cest normal qe sarrive unmenné, qanmème, alaspire mal pis jcommence a friqer. Pour dire la vérité, jsais pa commen sava spasser. Avatu comme sendormir ? Jai peur q’ala mal. Jai peur qe cest long. Jai peur q’acrie, q’acapote, q’aveut senaller. Rendu la, mème si onvoulait, onpourrait pa la dénéger.
Le tem qe jfriqe, jpense pa de remplir les trous comme jsus supposé. Adit rien pis jdis rien. Ia comme un silence q’isinstalle, un silence q’inousort du boze q’onétait embarqés. Alève les ieus ver moi. Arale un peu. Atousse. Amfait signe de mapprocher.
Jdis onest pa supposés.
Adit Marielle.
Jmassis a coté.
Adit jai lu ce qe técris, dan les pages du grancailler.
Jsais pa qoi dire. Ia personne q’ilit jama ce qe jécris.
Adit cest beau. Adit tusais trouver les mos.
Sa mrentre dedan d’une maniére jpourrais pas espliqer. Samtord par endedan en mème tem qe samlibère d’un poi jconnaissais pa.
Acontinue, la voi fragile comme le givre, le sourire au qeur.
Adit nousautres, onsest tojour enfargés dan l’écriture. Tsais, cétait dur. Les mos q’ondisait ifittaient pa avec ceus q’onlisait. Onécrivait le cu entre deus chaises, la tète fendu, la langue toutte écartillé. Toi, tas inventé une maniére de dire égale a notre maniére de faire. Godpelle, tuscultes la page comme un bloc de nége, avec l’espri ben aiguisé. Tutrouves tes lignes, tenlèves la marde, pis ce q’ireste, cest beau a pleurer.
Jvoudrais laprendre dan mes bras, laserrer fort, mai jsais pus commen laimer. Alest jusse une tète qi sort du plancher.
Alvoit, jpense, acomprend. Asort un bra dla nége, sa mitaine areste pogné. Avec sa titemin maigre pis frette, amflatte les cheveus, amtouche la face.
Aparle pa fort mai jcomprends.
Adit tsais, Marielle, vivre salaisse des traces, mai la mémoire safond comme la glace. Écris don, toi. Écris pour noufaire durer.
Cest sa q’adit, la vieille, pis jmemets a brailler. Jlaprends par le cou, ljaserre, jidonne des becs partou dan face. Jbraille, jmorve, jbave ma vi. Jvoudrais q’amprenne. Jvoudrais q’ambarce comme qant onétait ptits.
Qant jfinis par lalacher, aparle pus, abouge pus, sa tète apenche sus le coté, pis sa min atraine, blanche pis frette, sus le bloc qe jai pas fini de taper. Alest morte dan mes bras, comme un oiseau q’iest pus capable de voler.
Cest sa q’avoulait, la vieille, cest sa q’ala demandé. Le Granretour, asavait q’alaurait pas tofé. Alavait dit onpeut pas sembarasser d’une vieille comme moi. Jcalle le bloc. Le blocmémoire. Disez pas non, voumdevez ben sa. Apré, partez.
Le blocmémoire. Cest sa q’avoulait, cest sa q’ava avoir. Qant jvas marlever, Pedro va arcommencer a pelter pis jvas paqeter le bloc jusqaudessus de sa tète. Jvas ben ltaper. La nége, ifaut q’alest dure pour ètre bonne a sculter.
Apré, onva pouvoir serposer. Onva rallumer le feu, on va senrouler dan nos couvartes. Onva scoller. Onva rien dire, pour garder dan nos tètes ce qe la vieille anousa laissé. Onva dormir. Onva réver. Pis demin, qant le soleille iva slever, onva pouvoir défaire le montebloc pis commencer a sculter.
Onva laisser la forme de ses mos nouguider. Onva laisser sa mémoire travailler. Pis ava apparaître, un cou de pelle apré l’autre, comme alétait, comme ava continuer d’ètre pour nousautres, les Godpelles, ses enfans pour l’éternité, Filomène, sa vi, sa mémoire, sculté blanche dan nége, blanche pis frette, belle, comme la vi q’ona choisi, figé, aussi, dure comme le tem d’avan, comme la terre q’onpeut marcher, comme la terre q’inoudonne son élan ver des avenirs q’onose mème pas imaginer.
Dan troi jours, qant la tribu ava arriver, ivont lavoir comme onla vu, ivont savoir qe lavi apeut finir, mai qe notre istoire acontinue. Ivont lsavoir parce qe moi, jva lécrire. Dan les pages du grancailler, dan les marges du Granretour, jva écrire ce q’onest, pour qe le printem iefface pas nos traces, pour qe nos mos idurent pus longtem qe nos os pognés dan glace. Mes bouttes de craillons pus aiguisés q’une pelle nouvelle, jmenva inventer une maniére de blocmémoire, un grandiscour de mos scultés pour qe toutte ceus q’onaime pis q’isont pa encore nés, toutte ceus q’ivont venir apré nousautres pis q’isauraient pa san sa q’ona existé, ben, q’inousaiment aussi pis q’icontinuent de nousaimer.
Mai pour tusuite, jtiens la min de la vieille pis ifait frette enosti. Jpense a la mort pis jmennuie de tes bras. Tes pa loin, mai tes pa la. Dan ma tète, jte souris. Du hau du bloc, jtentends q’ibraille aussi.»
Gabriel Marcoux-Chabot